viernes, 1 de noviembre de 2013

Débat sur une stratégie pour un mouvement populaire en occitania!

 

 

Débat sur une stratégie pour un mouvement populaire en occitania!

  • Ce texte est publié un jour avant l'anniversaire des 800 ans de la terrible bataille de Mureth où l'alliance occitano-arago-catalane fut mise en déroute par les Français et qui vit le début de notre conquête. Il se veut une réflexion théorique partant d'une analyse des manquaments et des erreus du mouvement politique occitan depuis 50-60 ans. Ce veut avant tout être un objet de débat sortant du cadre 'occitaniste' traditionnel car enfin de compte il inclut tout l'hexagone et au delà. Les contributions envoyées sur notre adresse mail seront publiées.
Pour une stratégie populaire et révolutionnaire en Occitània.

Un révolutionnaire doit partir de la réalité, de l'enquête, et la transformer en analyse puis en action.

La réalité Occitane est paradoxale pour deux raisons. D'un côté nous avons un mouvement culturel développé avec un grand nombre d'associations occitanes sur tout le territoire, des réseaux d'écoles, des centaines de groupes de musiques, et surtout de plus en plus de gens s'en revendiquant. Les 30000 personnes de la dernière manifestation pour notre langue à Tolosa ne sont pas un détail, mais bien un révélateur d'une réalité : La conscience occitane se propage peu à peu dans le peuple.
Et comme dans un parallèle troublant nous avons une chute dramatique des locuteurs ce qui ne laisse que peut d'espoir, dans la situation actuelle, à un sauvetage de notre langue1. Ne soyons pas aveugle la situation linguistique est catastrophique. Mais pire que çà nous n'avons pas de mouvement politique autonome qui lève le drapeau de la libération. L'immense majorité du mouvement culturel est à la remorque des organisations politiques françaises qui sont dans leur immense majorité jacobines (PS, FG-PCF). C'est comme cela que nous avons pu voir à la dernière manifestation pour l'Occitan des tracts du Front de Gauche en occitan alors que nous savons tous que son leader, et il ne s'en cache pas, est un des plus radical opposant à nos langues. La République continue chaque jour à piétiner notre honneur et notre dignité en tant que peuple mais nous continuons à croire à son évolution, hier c'était Mitterrand, le sauveur, aujourd'hui notre espoir se nomme Union Européenne.
. Les noms changent, peu importe, la situation reste la même. Certes il existe un mouvement autonomiste mais extrêmement faible et qui lui même est à la remorque des Verts (POC/Europe écologie). C'est une autre des étrangetés occitanes de voir dans le modèle espagnol une sorte de voie salvatrice alors que le système des autonomies est ce qui a sauvé l'État franquiste de l'implosion et a marqué une continuation dans le modèle centraliste espagnol. Comment nous, Occitans, pouvons nous prendre comme modèle un tel système mis en place par la bourgeoisie fasciste pour faire perdurer le modèle capitaliste et fasciste en Espagne ? De plus l'État français use de ce même subterfuge en Kanaky ou en Polynésie pour garantir son occupation coloniale, le jour où il l'accordera l'autonomie à l'Occitània c'est que cela sera le seul moyen de la maintenir dans sa domination. A l'heure actuelle nous voyons l'échec du système des autonomies qui n'a pas empêché l'exploitation à outrance du peuple, de la terre, la bétonisation, le surendettement etc. Certes la Catalogne et le Pays Basque s'en sortent mieux que le reste de l’État mais n'oublions que ce sont les deux régions les plus riches, les plus industrialisées et qu'au contraire, l'Occitanie est une des zones périphériques de l'État bleu-blanc-rouge. Si nous devions nous comparer à un peuple de l'État espagnol, ce serait certainement plus aux Andalous qu'aux Catalans.
L'autonomie est le dernier recours des États pour ne pas perdre leurs colonies. Le fédéralisme allemand qui revient maintenant un peu plus sur le devant de la scène, vu l'enfer dans lequel est tombée la monarchie espagnole, a aussi été une volonté politique. C'est De Gaulle, entre autres, qui a fait des pieds et des mains pour que l'Allemagne n'ait plus de modèle centralisé, affaiblissant selon lui définitivement son premier concurrent. L’Allemagne, à la différence de la France, est un véritable État-nation, il y a une nation germanique même si il y a des minorités linguistiques, d'ailleurs largement reconnues et des différences dialectales dans la langue allemande. Mais non seulement ce modèle n'a pas affaiblit l'Allemagne, mais il n'empêche pas non plus l'Allemagne d'être l’un des deux piliers de l'Europe impériale, faisant des pays de l'Est, de la Grèce ou encore de la Turquie, pour ne citer qu'eux, des semi-colonies de cet État impérialiste.

Ce vide politique occitan, qui n'existe pas dans les autres peuples minorisés, vient sûrement du fait que nous sommes la première colonie historique, la plus ancienne, la plus intégrée, que la France en tant que royaume moderne ait conquise. Que du fait de cette très longue soumission, peu à peu, notre envahisseur est devenu notre maître et maintenant notre guide. Un pas a été franchi dans notre effacement pendant la Révolution de 1789, lorsque la prise de pouvoir d'une classe, la bourgeoisie française, est devenue celle de tout le peuple, qui entre temps était devenu la Nation. Et c'est bien parce que la France monarchique n'était pas un État-nation que la bourgeoisie a créé ce concept, seul à même de mobiliser les masses contre la vieille classe féodale, de résister à l'Europe d'Ancien régime puis de mener les guerres d'exterminations napoléoniennes sur la même lancée.
Le mouvement politique populaire occitan a disparu dans les méandres de la politique française après 1981. Pour lui, comme pour tous les mouvements progressistes, la fin de la première période de la révolution prolétarienne sonnait le glas de sa courte existence. Le mouvement culturel est venu combler le vide politique en agissant sur la question linguistique et culturelle uniquement. La dynamique basée sur le fait que, tôt ou tard, la République serait un peu plus douce avec ses sages enfants, atteint aujourd'hui ses limites. Non seulement la République n'a pas évolué d'un iota, mais en plus les peuples qui ont usé de la désobéissance, de l'insoumission et de la résistance armée sont aujourd'hui plus en avance, non seulement au niveau politique mais également au niveau culturel.
Aujourd'hui c'est l'échec du castanisme, appelé à tort culturalisme, car Marcel-Félix Castan avait assurément une pensée politique, celle décrite plus haut, mais aussi celle de Robert Lafont qui en fin de compte est dans la veine de l'autonomisme. Le troisième mouvement politique, souvent décrié, et pourtant sûrement celui qui prenait le plus en compte notre dignité en tant que peuple, a été inventé par François Fontan : c’est ce que l'on nomme l'ethnisme. Fontan pensait qu'en découpant par ethnie les États cela réglerait toutes les questions, il pensait dépasser le marxisme, rien que cela... Nous ne ferons pas ici le procès de l'ethnisme, d'autres sans chargent très bien, mais il est clair que cela a aussi échoué si ce n'est, et c’est un fait notable, dans les Valadas Occitanas de l’État italien où une part de la population est bien plus conscientisée que partout ailleurs en Occitanie.

Le mouvement culturel a été dès sa naissance porté par des mouvements politiques ; il s'intégrait pleinement dans le grand mouvement révolutionnaire d'avant et d’après Mai 68. Aujourd'hui nous sommes arrivés à ses limites historiques : il ne peut pas se suffire à la lui même. Le mouvement est bloqué, il se contracte au niveau militant et de plus en plus de gens appellent à une professionnalisation du culturel. On ne défendra plus notre langue par patriotisme (existe-t-il en Occitània ?), par amour de sa terre, de sa langue mais parce que cela nous donnera à manger. C'est bien la finalité dans une société où tout est marchandise, alors pourquoi pas notre langue monumentale et millénaire… Il faut avouer que nous autres occitans, nous sommes peut-être  le peuple le plus contradictoire du monde : d'un côté nous sommes quasiment tous d'accord sur le fait que nous avons une histoire, une langue, une culture, une terre, qui sont les attributs d'un peuple ; et de l'autre l'immense majorité ne veut pas entendre parler de lutte de libération nationale ou même de tout autre concept s'en rapprochant. Nous touchons peut-être là une cause de tous nos malheurs : la peur de s'assumer. La peur de 'mettre les pieds dans le plat'. Ce n'est pas anodin si le mouvement altermondialiste est en partie né sur notre terre d'òc, mouvement ‘citoyen’ antithèse de toute radicalité révolutionnaire, stade infantile de la politique. Si Lou Dalfin était apparu dans le Larzac, nous pouvons être sur que son discours aurait été totalement différent. Loin de défendre l'ethnisme, nous devons avouer que cela a créé un début de conscience nationale dans les Valadas, qui peut le nier ? Mais effectivement, entre le slogan 'Independentzia eta Sozialismoa' et 'Viure e decidir al pais', il y a un immense gouffre, qui est politique. L'un met en danger les structures même de l'État et de la société, l'autre est repris par la CGT en Aquitaine.
Il est évident que beaucoup d'occitanistes sont patriotes (ce terme nous sera sûrement reproché mais tant pis), mais dans une sorte de realpolitik ils se disent que sauver la langue fera automatiquement émerger une conscience nationale. Après quarante ans, nous pouvons dire que cela ne marche pas comme ça.
Et c'est normal, car la culture est soumise à la structure, c'est à dire au système économique (et la classe qui en est maître) qui façonne la superstructure idéologique. Nous sommes dans une société capitaliste où la classe dominante est la bourgeoisie française et jacobine. Elle a l'hégémonie culturelle et idéologique, tandis que par exemple dans l'État espagnol il existe de puissantes bourgeoisies historiques périphériques, surtout basques et catalanes qui sont, à défaut d'être toutes indépendantistes, autonomistes. L'autonomisme dans l'État espagnol existait bien avant la fameuse Transition. Lafont l'avait bien compris, mais il ne proposait en fait pas autre chose que ce système d'autonomie mâtiné de socialisme autogestionnaire bon teint, propre à son époque.
Ce malaise politique profond, nous le retrouvons dans de nombreux groupes engagés, dans et pour l'Occitanie, tout en niant notre réalité nationale. Et c'est comme cela que des occitanistes acceptent la cause nationale catalane mais rejettent l'occitane. Car oui nous sommes une nation, soumise depuis plus de 800 ans, massacrée, annexée, découpée, dépeuplée, désindustrialisée, bétonnée, mais toujours vivante. Ceux qui défendent la langue mais ne reconnaissent pas ce fait objectif sont les fossoyeurs de ce qu'ils défendent. Cette même incohérence amène à rassembler des dizaines de milliers de personnes dans des manifestations sans mot d'ordre clair et offensif. C'est bien peu comprendre la nature de la République, ou pire, s'en accommoder.

Mais tout cela change à grande vitesse car depuis 2009, la seconde crise générale du capitalisme a éclaté au grand jour. Nous découvrons les limites historiques du capitalisme, qui jour après jour va de plus en plus nous enfoncer dans la barbarie, la dépression, la destruction. Face à cela les masses populaires du monde entier se mettent en branle ; dans les pays impérialistes (OCDE) la lutte des classes ensuquée par les années folles de l'ultralibéralisme, par le pillage gargantuesque de l'Afrique, l'Asie, l'Amérique du Sud, se réveille de cette longue léthargie. La réalité revient frapper à notre porte et le monde réel tel qu’il est nous explose à la figure, sous forme de diminution de notre niveau de vie, de notre 'pouvoir d’achat', de la destruction de tous nos droits et conquêtes de civilisation, de maladies, de pollutions etc.

Alors, dirons certains, mais quel rapport avec l'occitanisme ? Ce à quoi nous répondons : TOUT !

Les classes populaires touchées de plein fouet par la crise et, fait historique, en train d'être rejointes par des pans entiers de la classe moyenne (la classe pilier de la démocratie bourgeoise capitaliste), vont reprendre conscience à grand pas. Avec cette crise une nouvelle ère révolutionnaire s'ouvre pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur, car s'ouvrent de nouvelles possibilités révolutionnaires, et le pire car avec la crise la bourgeoisie n'hésitera pas, comme durant la première grande crise générale au siècle dernier, à instaurer le fascisme.
Pour nous révolutionnaire d'Occitània, c'est à dire les personnes pensant que le système capitaliste a fait son temps, la solution au problème occitan ne peut que s'intégrer dans une solution révolutionnaire mondiale.

Le projet occitan doit redevenir un projet de changement de société. Nous avons un atout en étant révolutionnaires ET occitans, c'est notre opposition, normalement, naturelle et objective à l'État français, qui est le gardien de nos chaînes. Avec la crise, tout ce qui faisait accepter l'État républicain aux masses va en s'évaporant, le voile de mensonge va tomber et va dévoiler la vraie nature de cet État, anti-populaire, réactionnaire, garant de l'ordre capitaliste. Peu à peu et malgré la résistance du peuple, nos acquis de civilisations vont être détruit par la droite comme par la gauche, acquis jamais donnés mais toujours gagnés de haute lutte. Le crédit que détient l'État, dans la population, va disparaître, il est déjà inexistant dans les populations les plus pauvres, notamment celles des les colonies intérieures (dans les ‘cités’). Une véritable ligne de démarcation va se tracer entre ceux qui soutiennent l'État et les autres. Nous, en tant qu'Occitans et révolutionnaires, nous ne serons jamais du côté de cette machine de domination. La crise de 2009 vient remettre les compteurs à zéro et les classes populaires sauront tôt où tard qui s'est fourvoyé avec l'État et les autres. Car que rapportent les quelques places dans les institutions régionales ? Mis à part un statut à leurs détenteurs, pas grand chose. Le PS n'a pas signé la charte des langues minorisées alors que ce serait le minimum acceptable, les subventions vont diminuer à vitesse grand V, comme récemment en Aveyron ou pour le Carnaval Biarnès etc. Sans force populaire pour défendre ces micro-acquis, tout l'édifice patiemment bâti par des gens sincères va s'écrouler comme un château de carte.
Que cela soit clair, cet appel ne vient accuser personne mais tente de débroussailler l'époque et nos enjeux en tant que peuple minorisé dans l'État français. D'ailleurs, nous, de la jeune génération, nous ne pouvons qu'admirer le travail mené depuis 40 ans au niveau culturel, qui nous laisse de beaux instruments qui sont, bien sûr, certainement à repenser dans un sens plus offensif, en lien avec l'époque. L'heure est à la re-construction.

Mais comment construire quelque chose de solide et de durable ? Déjà en ayant une stratégie politique claire. Où allons-nous et comment ?

Paradoxalement nous ne pensons pas que la voie indépendantiste traditionnelle, celle qui est proposée dans une majorité des peuples en lutte, est un chemin valable pour nous occitans. Car même si nous arrivions à nous séparer de la France, nous serions toujours asservis par son capitalisme, comme l'Irlande le reste par le capitalisme de la City depuis un siècle. Deuxièmement, nous sommes trop intégrés à la structure politico-idéologique dénommée France pour faire comme si elle n'existait pas. Beaucoup d'occitans se sentent seulement français et le travail de conscientisation sera très long. Chaque décision politique étatique nous touche directement, il est impossible le nier. Et même si pour nous les Pyrénées où les Alpes ne sont pas une frontière, elles le sont politiquement et idéologiquement pour beaucoup de monde.

Alors que faire ?
L'unique stratégie est la construction d'un mouvement populaire en Occitània, autonome mais s'intégrant dans le vaste mouvement de résistance au capitalisme. L'idée d'un Movement Popular est de revenir aux bases de la lutte, sur le terrain des idées, des expérimentations, du militantisme. Nous ne pouvons plus séparer la question culturelle de la question politique. Chanter, danser, écrire en occitan est un acte politique, avant tout, quand nous sommes un peuple soumis et en danger de voir sa langue disparaître. Aujourd'hui le combat est autant politique que culturel, comme nous le disions plus haut il est temps de combattre l'hégémonie idéologique et culturelle bourgeoise. Dans cet esprit, le mouvement culturel occitan a une grande place à rejouer comme 'avant-garde' politico-culturelle.
La question linguistique et culturelle donne une profondeur, un ancrage qu'aucun autre mouvement français ne peut se targuer d'avoir. Nous avons sûrement encore beaucoup de codes à construire, toute une identité occitane et populaire à faire émerger mais nous sommes sur le bon chemin.
Ce mouvement populaire en Occitània doit rassembler le plus largement les initiatives politico-culturelles émancipatrices sur la base d’une plateforme à définir. Cela doit être aussi un lieu de débat idéologique, la crise crépusculaire du capitalisme va de toute manière nous forcer à prendre des initiatives idéologiques. L'histoire nous montre qu'un peuple qui gagne sa liberté ne peut le faire totalement que s’il rompt les chaînes de l'oppression économique.
Ce mouvement populaire aujourd'hui doit aller dans le sens d'un Front défendant les droits des peuples, un mouvement populaire de résistance, devant préfigurer l'alternative à ce monde en fin de vie. Ce front doit être l'instrument offensif et massif de notre résistance et le début de la possible et nécessaire conquête du pouvoir.
Arriver à créer ce pont entre lutte politique et sociale et question culturelle est la clé de notre problématique occitane.
Les nouvelles générations qui arrivent vont être obligées de se poser la question de la sortie du capitalisme tôt ou tard. Notre rôle en tant que personne consciente est d’accélérer ce processus dans un sens positif et en même temps de combattre le péril fasciste. L'idée d'un mouvement fédérant les initiatives populaires, autonomes, en Occitanie, dépassant largement donc le cadre occitaniste est une nécessité.

Le mouvement doit sortir de l'occitanisme pour devenir populaire, c'est-à-dire s'étendant à la totalité du peuple occitan. Être occitaniste c'est être considéré comme quelque chose de différent du peuple, alors qu'en fin de compte, pour nous toute personne résidant en Occitània est occitane. Cette démarche tend à démontrer l'importance majeure de la question nationale occitane à la population et en premier lieu à la frange la plus avancée. L'occitanisme, à la différence du 'catalanisme' ou du 'basquisme' est un courant peu clair et dénué de sens politique, l'occitaniste c'est celui qui défend la langue occitane.
Mais pourquoi majeure ? Pas seulement parce qu'une langue ne doit pas mourir où parce que tout peuple a droit à son auto-détermination, mais bien parce que, pour nous, la question occitane rentre pleinement dans une stratégie politique révolutionnaire : celle de l'encerclement du centre par les périphéries. Dans ce cadre là la question occitane dépasse le seul territoire occitan pour intégrer un mouvement bien plus large, hexagonal et européen, et même mondial. Aujourd'hui la contestation va partir des zones les moins contrôlés par l'État, outre les 'colonies intérieures' (les cités), nous avons les zones rurales laissées à l'abandon, les zones périphériques pavillonnaires en passe de devenir de véritables ghettos, etc. L'État n'y sera plus présent que par interventions ponctuelles et violentes comme aujourd'hui dans les 'cités'. Seuls les centres des métropoles et les zones riches seront pourvus d'une occupation constante et sur-militarisée. Paris fait déjà office d'avant-garde de ce phénomène. Le mouvement politique et révolutionnaire français ne peut comprendre cette nouvelle donne tant il est lui même obsédé par son urbanité et son centralisme, sa vision hexagonale et sa non-compréhension du mouvement mondial de la lutte des classes.

Car notre démarche n'est pas une solution à court terme mais un long processus de conquête du pouvoir qui est en fait la seule et unique question à l'ordre du jour. Ce processus prolongé, qui doit mener à la prise de pouvoir par le peuple, doit être pensé sur une longue durée. Dans ce processus la question occitane refleurira car elle est une des clés de la construction de l’État français, donc de sa compréhension et donc de sa possible destruction. Il est donc nécessaire de commencer à construire patiemment ce vaste mouvement, à rassembler pour commencer les personnes les plus motivées, celles qui comprennent les enjeux de l'époque et qui ne peuvent plus se contenter de la politique des demi-mots.

Quelques propositions exhaustives.

Ce rapide tour d'horizon de la question occitane et une proposition de réponse dans l'idée d'un mouvement populaire englobant toutes les questions actuelles, nous amène à proposer notre vision détaillée de ce que peut être un mouvement de cet ordre là :

-Partir de ce qui existe : militants politiques isolés ou organisés, intellectuels sincères, syndicats, associations occitanes, festivals autonomes, initiatives locales, groupes de musiques, de théâtres, etc...

-Fixer quelques lignes de ruptures pouvant faire office de programme minimum de ce Front de résistance :

-Autonomie du mouvement par rapport à l'État, aux partis politiques électoralistes.
-Indépendance financière.
-Auto-détermination comme principe inaliénable.
-Antifascisme assumé.
-Anticapitalisme révolutionnaire.
-L'occitan comme langue de lutte aux côtés des autres langues.

Pour nous l'objectif d'un tel mouvement est de forger une conscience révolutionnaire et de formuler un programme populaire révolutionnaire conduisant à une société socialiste. La conscience se forge sur divers plans :

-La construction d'un vaste réseau de résistance autonome, avec ses propres instruments, diffus mais organisé.
-La lutte et la résistance, défendre chaque parcelle de nos droits gagnés, combattre les projets destructeurs, défendre la terre.
-La solidarité entre les exploités face à la répression.
-La solidarité internationale.
-La destruction de l'hégémonie culturelle et idéologique de la bourgeoisie.
-L'insoumission face à l'État et le rejet du mensonge électoral tous les 5 ans.

Ce projet est une proposition et demande à être discuté.

1Qu'il y ait plus que 150000 locuteurs actifs comme dans un récent rapport où 2 millions comme généralement accepté cela ne change rien à la situation. La langue meurt irrémédiablement pour l'instant.

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